Quand le dopage organisé transformait les athlètes …

Par Dr François-André Allaert le 4 décembre 2014

De 1947 à 1989, c’est la guerre froide. Cette période de tensions et de confrontations idéologiques et politiques entre les USA et l’URSS, marque le véritablement commencement du dopage dans le domaine sportif.

Ne pouvant s’affronter, la rivalité Est-Ouest se retrouve sur le terrain du sport et notamment aux Jeux Olympiques. L’URSS s’y intéresse à partir de 1952 et le communisme y voit alors un moyen de propagande inégalable.

Consciente des bénéfices à tirer de la diplomatie sportive, l’URSS et la RDA se dotent de moyens scientifiques afin d’étendre leur suprématie sur le monde du sport. Les soviétiques veulent alors créer l’Homo Sovietecus, une sorte de surhomme. Le dopage devient une affaire d’état.

Entre les début des années 70 et 1989, le dopage systématique mis en place par l’ancien régime communiste de la RDA concerne environ une population de 10 000 athlètes. Bien que ces « traitement de la performance »  soient faits sous le contrôle d’une armada de médecins, un millier de ces sportifs, dopés, sont considérés comme gravement malades.

Durant les années 80, des dizaines de record aujourd’hui encore inaccessibles sont pulvérisés. Les femmes sont particulièrement touchées surtout en natation, patinage de vitesse ou athlétisme. Elles prennent des hormones masculines et de l’Oral Turinabol, un stéroïde qui augmente la sécrétion de testostérone, encore en vente aujourd’hui.

Parmi les plus emblématiques Jarmula Kratochvilova détient l’un des plus vieux records du monde, sur 800 mètres. Un record qui 29 ans après n’a qu’une seule fois été approché à moins d’une seconde. Celui de Marita Koch sur 400m couru en 47’60 laisse aussi de marbre quand on sait que les meilleures actuelles peinent à descendre sous les 49 secondes.

L’utilisation d’hormones masculine pour les athlètes féminines entraine des modifications morphologiques chez celles-ci (développement de la pilosité et diminution de la poitrine). Parfois même, comme c’est le cas d’Heidi Krieger, son identité sexuelle est remise en cause et en 1997 après une opération, elle adopte le prénom d’Andreas.

Les américains ne sont pas non plus exempts de tous reproches : la reine du 100 et 200 mètres, Florence Griffith-Joyner fut soupçonnée de dopage sans pourtant être jamais contrôlée positive. Mais ses transformations physiques ne laissent peu de doutes. A partir de 1996, son état de santé s’aggrave et elle décède en 1998 à l’âge de 38 ans.

Homme comme femme, les dégâts physiques et psychologiques qu’a entrainés ce dopage organisé sont énormes. Les organes, le cœur, les reins, le foie sont totalement empoisonnés voir détruits.

Décédé le 20 Octobre dernier, Gerd Bonk, qui souffrait de multiple maladies du au dopage déclarait qu’il avait été « grillé par la RDA, et oublié par l’Allemagne réunifié ». Un quart de siècle après, la question du dopage demeure un sujet sensible en Allemagne…

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