Les grandes épidémies en France

Par Eric Françonnet le 11 octobre 2018

La grande épidémie du Moyen Age reste bien entendu la peste noire dont l’importance ne doit pas cacher les autres épidémies de peste récurrentes qui affectent les populations, certes dans un moindre espace, certes moins meurtrières, et ce même au-delà de la Révolution française (le dernier cas recensé en France remonte à 1946 et était situé sur le sol insulaire de la Corse).

La peste noire (1347-1352) qui a une funeste notoriété

Durant les derniers mois de l’année 1347, Marseille est victime de l’épidémie de peste noire, qui s’est déclarée en Asie dix ans plus tôt.

La maladie se répand par l’intermédiaire des puces des rats, porteuses de la bactérie yersinia pestis. A l’époque, les rats infestent les navires marchands et les ports sont ainsi les portes d’entrée de la peste noire dans des pays qui tôt ou tard n’échappent pas à ce fléau face auquel la médecine médiévale est impuissante.

C’est précisément un bateau génois qui diffuse le mal dans la ville de Marseille à partir du mois de novembre 1347. Quelques mois plus tôt, les Italiens avaient, en effet, fui leur colonie de Crimée, attaquée par des guerriers mongols infectés.

Bientôt, la maladie touchera les campagnes et autres villes françaises. À Givry, en Bourgogne, dans un des plus anciens registres paroissiaux que l’on possède, le curé, qui notait 28 à 29 inhumations par an en moyenne, enregistra 649 décès en 1348, dont la moitié en septembre.
Ce sera ensuite le tour de l’Allemagne et de l’Angleterre. Dès 1349, la quasi-totalité de l’Europe sera infectée. La peste noire fera près de 25 millions de victimes en Europe et ne s’éteindra pas avant 1352.

Entre 1347 et 1352, on estime que la peste noire prive la France de 35 % de sa population, à l’image du reste de l’Europe (qui perd la moitié de sa population). C’est la plus grande catastrophe démographique connue avec celle affectant les populations amérindiennes à la suite de l’arrivée des Européens.

En France, certaines régions perdent près de 70 % de leur population (Ile-de-France, Provence, Verdunois…).
Dans la plupart des provinces françaises, il faut attendre le XVIIe siècle, voire le siècle suivant, pour retrouver un niveau de population équivalent à celui d’avant 1347.

Le choléra vole hélas tristement la vedette à la peste au XIXe siècle

Les épidémies de choléra (du grec kholéra « flux de bile ») ont marqué le XIXe siècle. L’épidémie de 1832-1833 a entraîné la mort de 160 000 personnes. Le 1er mars 1849, une seconde épidémie ravage la France, puis encore une à partir de 1854. C’est Robert Koch qui découvrira le bacille responsable du choléra en 1883 et contribuera à son déclin irrémédiable.
On assiste alors à une prise de conscience des pouvoirs publics avec, dans un premier temps, la déclaration des épidémies et l’instauration d’instances de veille sanitaire dans chacun des départements français. S’ensuit dans la foulée, une politique hygiéniste, tant dans la sphère privée que la sphère publique. L’assistance sociale et médicale devient une réalité sociétale.

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