La conquête du monde, non sans mal, non sans maux : le scorbut et ses méfaits
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La mort pèse sur la vie du marin. Mais quelle mort ? Il y a bien sûr les décès imputables aux batailles navales. Mais de nombreux désastres à bord s’expliquent avant tout par la mauvaise santé des équipages.
Parmi les maladies mangeuses d’hommes, le scorbut occupe une place primordiale.
Il suffit, pour s’en convaincre, de lire le récit du périple autour du monde de l’amiral anglais George Anson dans les années 1740-1744. Parti d’Angleterre avec trois navires et 961 hommes d’équipage, il n‘avait plus sous ses ordres, huit mois plus tard, que 355 marins.
Les premières manifestations de la maladie sont une lassitude générale, une haleine de plus en plus fétide et la putridité des gencives. Puis le visage enfle ; apparaissent parallèlement des taches et des ulcères aux jambes, qui ne cessent de croître. Les dents se déchaussent, les articulations se raidissent au point que le matelot perd le bon fonctionnement de ses jambes. Les hémorragies se multiplient, la respiration devient haletante et la mort s‘ensuit extrêmement vite..
Le scorbut résiste à tous les remèdes et la véritable cause du fléau, une carence en vitamine C, reste non identifiée jusqu’en 1928. En mer, le matelot se nourrit mal. Les rations alimentaires sont constituées de biscuits de mer, parfois pourris, toujours durs, de légumes secs (généralement envahis par des vers ou des oeufs d’insectes) et de salaisons. Ces dernières posent de surcroît un problème de conservation : la morue salée se garde un mois, le boeuf deux mois et le porc dix-huit mois.