Les arracheurs de dents : des menteurs professionnels ?
S’il existe encore aujourd’hui des phobiques réfractaires au fait de se rendre chez le chirurgien-dentiste, force est de constater cependant, qu’entre l’arracheur de dents d’autrefois qui avait la compassion d’un bourreau et le praticien qualifié et diplômé que nous connaissons aujourd’hui, la gestion de la douleur n’est plus du tout la même. De nos jours, il est rassurant de savoir que l’anesthésie est pratiquée couramment par les chirurgiens-dentistes. Du temps révolu des arracheurs de dents, parfois aussi barbiers, qui officiaient sur les places publiques, les marchés ou les foires, le mensonge était de rigueur et rimait systématiquement avec une insoutenable souffrance pour celui qui venait se faire soigner alors qu’il lui était promis un soulagement rapide et indolore. De surcroît, le malade était soumis à une exposition devant une foule à la curiosité malsaine et non pris en charge dans l’intimité et la salubrité d’un cabinet comme c’est le cas à notre époque contemporaine.
Les archives municipales de Toucy (dans l’Yonne) attestent, en 1870, des subterfuges des arracheurs de de dents, alors considérés comme des forains, pour attirer les chalands atteints par exemple d’une carie. L’expression « mentir comme un arracheur de dents », née au XVIIème siècle, s’explique parce que le soigneur quasi-miraculeux faisait appel à un complice, qui s’asseyait sur une chaise lui étant proposée, et ouvrait grand la bouche. L’arracheur de dents lui extirpait une fausse molaire avec une pince. Le tout avait lieu avec l’accompagnement d’un orchestre. La dent était ensuite brandie comme un trophée, et le faux client, qui semblait satisfait, rassurait même les plus hésitants. Des malades, loin d’être imaginaires, dupés et qui allaient le regretter, montaient alors sur l’estrade où officiait l’arracheur de dents. La musique couvrait leurs cris avec un volume poussé à son maximum. Le supplice enduré par ces malheureux pouvait aller jusqu’à l’évanouissement.